Pendant la période de confinement, comment avez-vous su réagir et comment Bordeaux INP a-t-il accompagné ses étudiants ?

Tout d’abord, je souhaite souligner le fort investissement des personnels de Bordeaux INP, qu’ils soient enseignants ou personnels administratifs. Ils ont su se mobiliser rapidement pour accompagner les étudiants en leur permettant de poursuivre et terminer leur année dans les meilleures conditions.

Il aura fallu ensuite nous assurer que les étudiants soient tous en capacité de suivre les enseignements à distance (matériel informatique). Puis aider les plus précaires, à faire face à des situations financières difficiles (ex : perte d’un stage), avec l’aide très efficace du CROUS. Pour ce faire, nous avons mis en place une Commission d’Aide Sociale d’Urgence et avons mobilisé plus de 36 000€. Ce dispositif a permis de soutenir plus de 180 étudiants via l’attribution de subventions pour les aider à s’équiper d’un ordinateur par exemple ou en leur faisant parvenir des clés 4G.

Le réseau d’écoute et d’accompagnement de l’établissement a aussi été très actif pour accompagner les étudiants les plus fortement affectés. Je tiens à relever l’entière coopération avec nos partenaires universitaires et notamment l’Espace Santé Étudiants, pour l’accompagnement médical apporté à tous les étudiants du site bordelais.

En parallèle, nous avons adapté notre pédagogie du jour au lendemain et su transformer intégralement nos enseignements à distance. Ce fût une expérience riche durant laquelle nos enseignants ont découvert de nouveaux outils qu’ils ont dû tester et s’approprier. La cellule d’Ingénierie Pédagogique de Bordeaux INP a fait un travail remarquable pour accompagner les enseignants dans cette évolution.

Comment Bordeaux INP prépare cette rentrée inédite ?

Nous ne savons pas précisément comment va se dérouler la rentrée car la situation sanitaire est incertaine. Elle peut évoluer d’un jour à l’autre, que ce soit à la rentrée et au cours de l’année universitaire, et nous devons nous y préparer au mieux. A ce jour, une circulaire de notre Ministère est en cours de finalisation imposant un certain nombre de règles à respecter, et notamment une distanciation physique de 1m pour les enseignements de cours ou travaux dirigés.

Pour garantir à tous le meilleur niveau de sécurité sanitaire, je pense que les étudiants comprendront que nous les mettions à contribution en leur demandant, lors des changements de salles, de nettoyer leur espace de travail avec les produits mis à leur disposition.

A quoi ressembleront les enseignements à partir du mois de septembre ?

Chaque composante est libre d’organiser ses enseignements comme elle le souhaite, en respectant bien entendu les règles imposées par le Ministère.

Dans une démarche d’amélioration de la continuité pédagogique, nous avons effectué deux enquêtes auprès des enseignants et des étudiants afin de recueillir leurs retours sur les enseignements à distance organisés durant la période de confinement et jusqu’à la fin de l’année universitaire. Ces derniers sont plutôt positifs, du côté des enseignants comme des étudiants, et indiquent qu’une grande partie des enseignements ont pu se faire dans des conditions acceptables. Néanmoins, des difficultés liées notamment au manque d’interactions, aux problèmes d’équipement ou de connexion, ont également été soulignées.

Au regard de ces retours, nous privilégierons autant que possible les enseignements en présentiel, mais les équipes pédagogiques auront la possibilité d'organiser des cours hybrides en mixant enseignements à distance et enseignements en présentiel.

Dans le cas où nous ne serions pas en mesure d’accueillir les élèves en présentiel, les enseignements seront organisés en co-modalité : mode de formation pour lequel certains étudiants sont en présentiel quand d’autres sont simultanément à distance.

Pour ce faire, un groupe de travail a été missionné pour étudier et proposer les solutions matérielles adéquates (tablettes, caméras HD, solutions de visio-conférences…) permettant d’assurer efficacement ce type d’enseignements. Ces solutions nous permettront également d’être prêts à effectuer la totalité des enseignements à distance si une nouvelle période de confinement nous était imposée.

Qu’en est-il des étudiants internationaux ?

Depuis le 1er juillet, les étudiants internationaux sont autorisés, quel que soit leur pays d’origine, à venir étudier en France et les modalités de leur accueil sont facilitées. Leurs demandes de visas et de titres de séjour sont traitées en priorité.

Si nous espérons fortement que les étudiants internationaux pourront être présents en France dès la rentrée, ou avec un minimum de retard, il est cependant tout-à-fait envisageable que certaines frontières ferment de nouveau en fonction de la situation épidémique de chaque pays. Nous accueillons notamment de nombreux étudiants venus du Maroc et nous travaillons, au sein du Groupe INP, à trouver des solutions permettant à ceux qui seraient empêchés de venir en France d’être temporairement hébergés par des établissements partenaires dans leur pays d’origine. L’objectif est de leur offrir les meilleures conditions d’apprentissage et le plus de confort possible dans le suivi des enseignements à distance.

Peut-on dire aujourd’hui que cette expérience aura été positive ?

Je pense que cette expérience a été très riche. Elle a permis aux enseignants de découvrir d’autres modes d’enseignement ainsi que de nouveaux outils. Ils sont nombreux à avoir constaté que Moodle, notre plateforme pédagogique, permet d’organiser de nouvelles activités pédagogiques de façon relativement simple et ont su se l’approprier. En revanche, il est certain que l’enseignement intégralement réalisé à distance offre une bien moindre efficacité pédagogique sur le long terme.

Un autre point positif est l’agilité dont ont su faire preuve les enseignants pour s’adapter à cette situation inédite. Je suis certain que les expérimentations de ces nouveaux outils numériques leur permettront de diversifier leurs modalités pédagogiques à l’avenir.